Les Brontë : inventeurices du jeu de rôle au XIXe siècle !
Hello ! 🪐
Aujourd’hui, je te retrouve pour la seconde newsletter axée sur l’enfance (et le jeu ♟️) de décembre ! 🧸
Je vais te parler des sœurs Brontë et de leur frère Branwell, les précurseur·ses en quelque sorte, du jeu de rôle, plus d’un siècle avant la naissance des jeux vidéo. 👀
Prépare-toi une bonne tasse de chocolat chaud et un plaid tout doux, parce que cette publication va être longue. 😌
Sommaire
Découverte d’Emily Brontë et de son roman “Les Hauts de Hurlevent”
D’un simple jeu d’enfants à la création d’un univers imaginaire commun
Laisser sa part d’enfance s’exprimer dans les instants les plus simples
Découverte d’Emily Brontë et de son roman “Les Hauts de Hurlevent”
Il était une fois, une jeune adolescente de 14-15 ans qui regardait la première saison de The Voice France. Lors d’une émission, la candidate Al.Hy chante Wuthering Heights de Kate Bush.
La jeune fille a un coup de cœur immédiat pour cette chanson. Elle se met alors à rechercher l’originale… et elle se rend rapidement compte que Kate Bush évoque le roman Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë dans ses paroles.
S’en suit des mois et des mois d’écoute de cette fameuse musique en boucle sur son iPod nano 5 de l’époque, ainsi qu’une envie de plus en plus grande de lire le roman éponyme.
Au lycée, l’adolescente a enfin l’occasion de lire Les Hauts de Hurlevent. Elle s’imprègne alors de l’atmosphère sombre et reculée des landes pluvieuses et brumeuses de l’histoire, ainsi que de ses personnages torturés et complexes. Une fois de plus, c’est un coup de cœur et une admiration sans borne naît alors véritablement pour la conteuse hors pair qu’est Emily Brontë.
Si tu l’as compris, l’adolescente de l’époque (et son ancien iPod nano 5 bleu qui lui manque terriblement parce que sa batterie ne tient plus), c’est moi. 👋
Aujourd’hui encore, j’ai toujours beaucoup d’admiration pour Emily Brontë. Parce que cette femme qui a vécu entourée de ses sœurs et de son frère a réussi à écrire une histoire avec des relations complexes… sans jamais vivre elle-même ce genre d’histoires, puisqu’elle est restée pratiquement toute sa vie dans son petit village d’Haworth, au cœur des landes qu’elle affectionne tant.
Et c’est en lisant un recueil de ses poèmes que j’ai découvert qu’Emily, ses sœurs et son frère avaient créé tout un univers commun…
D’un simple jeu d’enfants à la création d’un univers imaginaire commun
En juin 1826, Patrick Brontë, révérend et père de Charlotte, Emily, Anne et Branwell, offre à son jeune fils une collection de douze petits soldats en bois. Rapidement, les quatre frères et sœurs jouent ensemble et se répartissent les soldats représentant chacun des personnages inventés.
Ce qui ne devait être qu’un jeu d’enfants, finit par prendre une tournure différente en décembre 1827 : les Brontë bâtissent tout un univers avec la naissance de la ville de Glass Town (Ville de Verre), ainsi que de personnages complexes étroitement liés les uns aux autres à qui ils font vivre des aventures.
Les frères et sœurs consignent alors toutes leurs idées et le fil conducteur de leur histoire dans des “little books” dont elleux seul·es connaissent l’existence. Sous forme de prose, de poèmes, de dessins, de schémas, iels tissent leur monde à l’aide de leur créativité enfantine prolifique.
Ce monde, structuré historiquement, socialement, juridiquement, administrativement et politiquement, est un royaume constitutionnel, avec cours et fêtes, assemblées, partis politiques et luttes de pouvoir, émeutes, révolutions et guerres, codes civil et pénal, tribunaux correctionnels et d'assises ; la presse y est omniprésente, des revues spécialisées paraissant régulièrement, etc.
Par la suite, Charlotte et Branwell bâtiront leur propre monde à deux, Angria. Ils continueront de dérouler le fil de le leur histoire commune en rassemblant leurs écrits et en utilisant leurs personnages comme avatars. D’ailleurs, c’est grâce à eux deux que l’on a retrouvé beaucoup de lettres et d’indices sur leur univer imaginaire.
Emily et Anne, quant à elles, créeront Gondal. Seulement, Emily a détruit la plupart des écrits à ce sujet car elle ne souhaitait pas les partager au monde… Les seuls indices restants se trouvent dans les poèmes d’Emily où elle fait parler certains personnages (sans savoir qui il sont et le contexte), dans Les Hauts de Hurlevent (où certains personnages seraient inspirés de ceux de Gondal) et dans Le Manoir de Wildfell d’Anne (idem).
Emily est l'inspiratrice de ce nouveau monde que dirige une femme et dont elle devient la gardienne. Chacune écrit ses poèmes en toute liberté dans le cadre défini, mais informe l'autre de ses projets.

Pendant des années, les Brontë vont enrichir leur monde, leurs îles et les histoires de leurs personnages, en parallèle de romans et recueils de poème que les sœurs vont publier sous les patronymes masculins Currer, Ellis et Acton Bell (parce que les femmes étaient jugées comme inadaptées pour l’écriture à l’époque, bien sûr 🤡).
Malheureusement, les sœurs et le frère décèdent très jeunes, laissant derrière elleux un héritage littéraire précieux et inspirant.
Les Brontë sont donc les inventeurices du jeu de rôle tel qu’on le connait aujourd’hui, bien avant la naissance de Donjons & Dragons et encore plus des acronymes de jeux vidéo RPG et MMORPG.
Dans un monde austère où iels ont du braver la maladie et la mort et où les divertissements étaient très limitées, Charlotte, Emily, Anne et Branwell ont créé tout un univers où s’échapper de leur quotidien et laisser leur imagination s’enflammer librement… ✍️✨
Laisser sa part d’enfance s’exprimer dans les instants les plus simples
Quand j’ai découvert l’existence de ces mondes imaginaires créés par de simples enfants (certes très cultivé·es de par leur éducation), ma mâchoire s’est décrochée. Je n’avais jamais entendu parler de cet aspect des Brontë. J’ai eu l’envie d’en écrire un article, un texte… une newsletter, depuis plus d’un an (il était temps !).
Je visualise pleinement Charlotte, Emily, Anne et Branwell jouer avec les petits soldats en bois dans leur chambre au presbytère où ils vivaient. Écrire leurs histoires dans leurs livres de la taille d’une boîte d’allumettes et les cacher aux yeux de leur père, de leur tante et de leur servante Tabby. Parler ensemble pendant des heures sur la politique, la géographie, le climat, l’administration, l’architecture et les personnages qui peuplent leur univers.
Je trouve toute ceci incroyable. Parce que ça prouve qu’une idée peut jaillir d’une petite chose. Ces quatre enfants ont utilisé douze jouets miniatures pour construire tout un monde et une œuvre complexe, sans jamais elleux-mêmes avoir beaucoup voyagé ou fait des rencontres majeures dans leur vie reculée au sein de leur petit village anglais.
Ca prouve également que par le jeu, on est capable d’exprimer toute sa créativité et son imagination. On laisse le réel avec son lot de doutes, de responsabilités et de soucis pour se plonger dans l’insouciance, la légèreté et l’amusement… comme le font si bien les enfants. 🧸
Et si on s’autorisait plus à jouer, à rêver, à s’amuser, à être dans l’instant présent ?
Et si on utilisait ce que l’on trouve autour de nous pour éveiller notre créativité et exploser notre imagination ?
Et si on laissait notre partie enfantine s’exprimer plus librement dans les moments de joie et de jeu ?
Et voilà, cette très longue newsletter s’achève ici. 🪐
J’espère que son format un peu différent de ce que j’écris habituellement t’auras plu (n’hésite pas à me le faire savoir en commentaire ou en DM sur Instagram) !
Je te dis à très vite pour une prochaine publication… 💭✍️
(Les citations en italique (avec une barre verticale à gauche) sont issues de la page Wikipédia de la famille Brontë.)
Si tu as envie de découvrir le monde imaginaire des Brontë, je te conseille de lire l’ouvrage Le Monde du dessous qui répertorie tous les poèmes d’Anne, Charlotte, Emily et Branwell 👇